BangGang/GGGang

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Bang Gang – faire corps

 
Un corps parfait ondule autour de la barre… petit à petit la façade se fissure et laisse apparaître la violence et le plaisir entremêlés.

 Bang Gang propose de réfléchir avec et à partir du corps, pour explorer la sexualité et le genre et les envisagent comme traversant et construisant qui nous sommes à la fois intimement et publiquement. S’inspirant du cabaret et de la pop culture, c’est une invitation à observer comment le mouvement façonne le corps genré, en s’intéressant au moment où, grâce à la gestuelle, un corps incarnant bascule d’un genre à un autre. Performance résolument « queer », avec une approche de la non-binarité, Bang Gang s’intéresse particulièrement aux interstices; que ce passe-t-il dans l’entre deux, dans ces espaces que l’on n’arrive pas à envisager depuis la norme? La vérité du corps réside-t-elle dans une essence exprimée ou les projections de l’extérieur crée-t-elle de toutes pièces l’illusion d’une essence? Faire corps – Bang Gang est une performance qui parle du corps mais aussi des corps, de comment nous rentrons en rapport les uns avec les autres. Bang Gang nous met face à l’hypocrisie qui entoure le sexe qui est utilisé pour nous vendre des objets allant du dentifrice à la voiture, cependant il demeure encore relativement difficile d’obtenir des subventions et de la reconnaissance lorsqu’on aborde ce sujet « honteux ». Nous communiquons avec des inconnu.e.s sur des applications de rencontre mais n’osons pas nous parler lorsque nous nous rencontrons en chair et en os, comme si la distance du virtuel nous protégeait. Cette honte du sexuel n’a pas disparu malgré l’ubiquité du sexe. En soulevant ces incohérences, Bang Ganginterroge nos contradictions à la fois personnelles et sociales. Parfois solo, parfois une personnalité qui dévoile ses multiplicités, qui se séduit d’abord elle-même, parfois deux corps presque identiques, qui exécutent presque les mêmes gestes, qui tour à tour se glissent dans le rôle du sujet, dans celui d’objet, Bang Gang cherche à créer un trouble chez le.a spectateur.trice, en explorant la pluralité dans l’un, la différence dans la similitude. Selon la pensée de Judith Butler, la subversion vient des failles dans les reproductions des rôles que nous endossons, qui nous sont imposés, qui nous enferment, et nous donnent du plaisir, en faisant de nous et en défaisant qui nous sommes.
Viviane Morey 

Ils ne sont plus deux, mais une forme double,
dont on ne peut dire si elle est fille ou garçon ;
ils semblent n’être ni l’un ni l’autre et être l’un et l’autre.
Ovide, Métamorphoses, IV, 378-379.

Date: 10 septembre 2016