La Compagnie Krassen Krastev

La compagnie Krassen Krastev a été fondée en 2002 avec le solo « Leaning Points » qui permettra d’emblée au jeune chorégraphe et danseur d’origine bulgare de rencontrer un premier succès – Jean-Pierre Pastori évoque alors une « présence physique fulgurante » (24heures, 8.10.02) – et de s’insérer dans le circuit du Théâtre Sévelin 36, qui présentera la plupart de ses pièces et performances. De sa formation de danse classique et contemporaine, Krastev retient alors un mouvement tout en physicalité et technicité, qui aborde la déconstruction et la désarticulation du corps, dans l’écrin d’une structure métallique tubulaire à taille humaine.

Son intérêt pour les propriétés géométriques et architecturales de l’espace se développera tout au long de son parcours de chorégraphe avec la collaboration de différents artistes plasticiens. La dimension conceptuelle de son travail s’impose dès sa deuxième production, le trio « Hanging possibilities », qui propose une ligne plus calme, presque immobile, où les danseurs sont plongés dans un espace scénique dans lequel des objets mobiliers, habituellement posés au sol, sont suspendus. Puis la réduction du mouvement au profit d’une danse plus conceptuelle se prolonge dans « The Invisible someone somehow », où micromouvements et répétitivité mettent en scène le passage au non-visible.

Après la danse « dansée » puis une forme de non danse, le travail chorégraphique de Krassen Krastev prend dès 2011 une nouvelle orientation plus performative et queer, qui intègre voix, textes, et accessoires. C’est en effet à son retour de Bruxelles, où il a collaboré durant quelques années avec le chorégraphe français Brice Leroux, que Krassen Krastev prend conscience du fait que l’interdit de la féminité marque son parcours de danse dès son plus jeune âge – incarné par la difficulté à faire reconnaître la légitimité de sa vocation dans la Bulgarie communiste des années 1980/90.

Dès lors, il entame un questionnement sur la vie après la mort, le genre et les sexualités avec le solo « Are You Lonesome Tonight ? », qui se déploie comme un rêve, des rêves, des espoirs de sortir de son corps, de rompre avec ses réflexes, puis avec «TEST_a_MENTAL» (en collaboration avec le performeur roumain Paul Dunca) qui traite de la problématique controversée de l’au-delà, de la tension entre peur de la mort et espoir d’immortalité ainsi que de la relation corps-âme. Le travail sur la déconstruction du genre et la sexualité se prolonge dès 2014 par une série de performances courtes inspiré par forme scénique du cabaret, dont notamment Bang Gang programmé par l’Arsenic dans le cadre de Wanderlust (Paris, 2016), que Krassen Krastev poursuit jusqu’à ce jour entre ses engagements comme interprète.